– Nous avons vu Laure Calamy monter en puissance depuis quelques années. Comment avez-vous été persuadée qu’elle pouvait porter le film à elle seule, de bout en bout ? Comme beaucoup de gens, je l’ai vue dans Dix pour cent. J’avais besoin d’une comédienne généreuse, chez qui on sente un plaisir de jouer. Le personnage d’Antoinette est souvent seul à l’écran avec l’âne. Il fallait une actrice qui envoie ! Laure a cette capacité et cette envie-là. C’est une actrice comique de première bourre et elle est capable d’une émotion dingue. Elle a un truc populaire pas si répandu dans le cinéma français. Elle a un côté physique aussi, c’était important pour moi. Elle marche, elle court, elle tombe… Beaucoup d’actrices ont les mêmes corps. Laure a un corps canon… mais qui n’est pas complètement dans les canons du cinéma. Ça m’a fait plaisir de montrer un corps comme celui-là à l’écran. » – Le film est né d’une randonnée que vous avez faite dans les Cévennes. On pourrait pourtant croire que votre intention première était de faire un portrait de femme… Un scénario, c’est une drôle de cuisine. Le désir de filmer ce lieu, la marche, le voyage, les lumières… Tout cela faisait de cette idée un vrai projet de cinéma. Alors que si j’étais partie d’un portrait de femme, peut-être dans un cadre plus citadin et déjà vu, j’aurais eu moins envie de le filmer. » – Vingt ans se sont écoulés entre ce film et votre précédent, Les Autres Filles », présenté à Cannes en 2000, qui n’avait pourtant pas été mal reçu… J’ai vu le verre à moitié vide. Le film n’a pas rencontré le public. Je n’arrive pas à concevoir de faire des films qui ne soient pas vus. Je l’ai très mal vécu. Ça m’a bloquée pour la réalisation. La sortie a été tellement dure. Je me suis même dit que le jeu n’en valait pas la chandelle. Des gens sont mieux armés que d’autres. J’étais jeune, je me suis pris ça dans la figure. » La cinéaste et scénariste Caroline Vignal chemise claire avec ses comédiens. – Vous réinterprétez les clichés de la comédie romantique… Bien sûr. D’ailleurs, la comédie romantique est un genre que je n’affectionne pas particulièrement. Pour moi, Antoinette, c’est la relation d’un personnage avec un âne. Je me suis servi des codes de la comédie romantique pour raconter l’histoire d’Antoinette et de Patrick l’âne. Pour moi, la comédie romantique, c’est l’opium des jeunes filles. Je déteste ça. Ça berne les gens. Là, on a une femme, Antoinette, qui se libère des choses qu’elle a dans la tête pour aller vers quelque chose de plus libre. » – Un rôle en or pour une comédienne, dans un film réalisé par une femme. Les choses bougent-elles dans le cinéma ? … Et un film produit par des productrices ! En tout cas, j’ai été très surprise de découvrir que ça n’était pas si évident que ça de convaincre certains gros financeurs quand le premier rôle est une femme. C’est fou ! On part du principe qu’un homme ne peut pas s’identifier à un personnage féminin. Donc, les films mettant en scène des personnages principaux féminins ne vont concerner qu’un public féminin. Alors que nous, les femmes, comme il y a moins de films avec un personnage central féminin, nous sommes habituées depuis que nous sommes petites à nous identifier à Tintin ou Lucky Luke. Je pense que ce dont parle Antoinette dans les Cévennes n’est pas spécialement féminin. Beaucoup d’hommes y sont sensibles. » Antoinette dans les Cévennes»** Réalisatrice. Caroline Vignal. Interprètes. Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Marc Fraize, Jean-Pierre Martins... Durée. 1 h 35. Genre. Comédie. Résumé. Des mois qu’Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors, quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps elle part sur ses traces. Mais à son arrivée, pas de Vladimir. Seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l'accompagner dans son singulier périple. Zone critique Un festival Laure Calamy Alors bien entendu, en tant que spectateur, il faut savoir s’intéresser à une balade campagnarde jalonnée de facéties pittoresques exécutées par un équidé borné mais peut-être pas si bête et une femme aussi spontanée que maladroite. Heureusement, Antoinette dans les Cévennes ne se résume pas à ça. Sinon, il n’aurait pas eu droit au label Sélection officielle Cannes 2020. En plein désarroi sentimental parce que son amant passe ses vacances avec sa petite famille, Antoinette met ses baskets et se lance sur ses traces en se glissant par la même occasion dans les pas de l’écrivain Stevenson, connu pour avoir arpenté les Cévennes avec une ânesse en 1878… par dépit amoureux il en a tiré un fameux livre. Comédie romantique ? La réponse est là sous nos yeux l’important n’est pas le but, mais le chemin. Avec son âne-confident Patrick, Antoinette la fofolle illuminée devient la star du GR mais chaque kilomètre effectué, parfois dans la douleur, la rapproche d’une forme de liberté à laquelle elle n’avait jusqu’alors même pas songé. À ce titre, on ne peut qu’applaudir le choix de Laure Calamy, la secrétaire un chouïa mesquine de Dix pour cent, qui obtient enfin un premier rôle à sa mesure. Radieuse, naïve, émotive… Avec une richesse de jeu qui inclut l’autodérision, elle donne à ce portrait de femme un air de douce fantaisie qui déjoue les pronostics. C. C.

Antoinettedans les Cévennes . À 21H. Samedi 10 septembre à 21h00, ce sera la première séance cinéma en plein air dans le théâtre de verdure de Pézènes-les-Mines en collaboration avec le Ciné-club de Bédarieux. A l’affiche, «Antoinette dans les Cévennes ». Le bar associatif sera ouvert à partir de 18h30, possibilité de pique-niquer sur place. Entrée libre, paiement «au

L'actrice césarisée pour Antoinette dans les Cévennes revient dans ce drame présenté à Deauville. Premier teaser intrigant pour Une Femme du monde, le premier long-métrage de la réalisatrice et scénariste Cécile Ducrocq. Elle retrouve Laure Calamy, sept ans après leur collaboration pour le court La Contre-allée primé à Sundance. L’histoire de Marie Calamy, une femme se prostitue depuis 20 ans à Strasbourg. Elle a son bout de trottoir, ses habitués, sa liberté. Et un fils, Adrien, 17 ans. Pour assurer son avenir, Marie veut lui payer des études. Il lui faut de l'argent, vite. La sortie d’Une femme du monde est prévue pour le 8 décembre prochain au cinéma. Alors qu'on l'a vu récemment dans Louloute et Garçon Chiffon, il s’agira du premier rôle principal de Laure Calamy après son César pour sa performance dans Antoinette dans les Cévennes. Le film est présenté au Festival de Deauville. Laure Calamy - Antoinette dans les Cévennes "Le rôle n’était pas écrit pour moi"

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